Comment bâtir un modèle économique durable ? À la fois rentable et répondant aux enjeux environnementaux et sociétaux ? Voilà la question à laquelle s’attaque Angers Technopole avec un nouveau programme d’accompagnement des entreprises du Maine-et-Loire. La clé : un nouveau modèle baptisé EFC pour «Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération».
Produire de la valeur… et non du volume
Il s’agit de fonder la compétitivité des entreprises sur l’utilité et la qualité du produit (au lieu de miser sur la course au volume et au prix le plus bas). Avec l’envie de moins puiser dans les ressources naturelles, mais aussi d’améliorer le bien-être des salariés.
« Tout part de l’idée que les entreprises doivent se réinventer pour sortir d’un modèle dit ‘productiviste’, notamment en vendant l’usage d’un produit plutôt que sa possession. », vulgarise Constance Nebbula, présidente d’Angers Technopole.
Programme expérimental en Anjou
Pour atteindre ces objectifs, enfin, le modèle suppose « une coopération » étroite avec ses fournisseurs et clients (ou encore les collectivités), en vue de créer cette nouvelle offre.
Angers Technopole invite donc les entreprises du Maine-et-Loire à intégrer un programme expérimental (sur trois ans) autour de l’EFC. Avec d’abord des actions de sensibilisation dès cette année, via des webinaires ou encore une table ronde prévue le 18 octobre à Terra Botanica.
Lancer des projets dans des entreprises locales
Avant l’accompagnement spécifique de plusieurs entreprises sélectionnées (de janvier à juin 2023). Il s’agira alors d’identifier une problématique intrinsèque (avec une attention renforcée sur les économies de matières premières), puis de définir un plan d’actions. Au programme, des ateliers collectifs et trois jours d’accompagnement individuel. L’ambition ? Que ce collectif de pionniers enclenche une vraie dynamique sur le territoire…
Ce programme a été bâti par Angers Technopole en partenariat avec la CCI et la société TGS France (avec l’appui de l’Ademe et de la Région).
Michelin et Bocage cités en exemples
L’EFC s’adresse aussi bien à l’industrie qu’aux services. Parmi les exemples souvent cités par les promoteurs du programme, figurent celui de Michelin, qui a lancé un système de location de pneus poids lourd, facturé au kilomètre parcouru, incluant maintenance et remplacement. Ou bien celui de Bocage (groupe Eram) pour son service de location de chaussures qui, une fois rapportées, sont proposées à la vente en seconde main. De quoi «rallonger la durée de vie des produits », dixit la marque. Dans un tout autre registre, sans parler de location, il peut aussi s’agir de basculer de la vente de chaudières à des solutions d’efficacité énergétique, visant à réduire les consommations.
Un modèle aussi pour la com’
Du côté des agences de com’, certaines envisagent aussi d’adopter un modèle basé sur l’EFC, comme le Manceau « Machin Bidule », qui prépare actuellement sa mutation en entreprise à mission.
Cette solution semble plus que jamais pertinente au vu du contexte actuel, marqué par la flambée du prix des matières premières et la raréfaction des ressources, soulignent les créateur du programme EFC.« L’innovation n’est pas uniquement technologique. Si l’on veut créer de la valeur sociétale et environnementale, il faut changer de paradigme, analyse le directeur d’Angers Technopole, Quentin Renoul. Ce modèle intéressera aussi bien les chefs d’entreprises engagés en matière de RSE que les entrepreneurs fatigués devant un modèle économique qui s’essouffle, et qui souhaitent s’éloigner des âpres négociations sur les prix pour davantage travailler sur la création de valeur…»
Florent Godard
