Accélérateurs, levées de fonds, French Tech… L’Ouest tisse son écosystème numérique. Interview de Francky Trichet, adjoint au maire de Nantes (Innovation et numérique). A retrouver aussi dans le mag Com&Médias / Dossier sur Brest, Nantes et Rennes.
Les attentes vis-à-vis du label French Tech ?
Je suis en phase avec la vision portée initialement par Fleur Pellerin (l’ancienne secrétaire d’État au numérique, NDLR) : mettre en valeur l’écosystème numérique et contrer la logique qui affirme « en France, on a un savoir-faire mais on ne sait pas le faire savoir. » La filière numérique représente 19 200 emplois sur notre territoire avec 21 % de progression sur les 3 dernières années. On sait également que nous avons 1420 entreprises : c’est en hausse de 40 % en 3 ans ! Ce chiffre est très parlant, il va à l’encontre du French bashing qui affirme que tout va mal. Cela ne veut pas dire que toutes les entreprises seront pérennes, mais ce qui m’intéresse, c’est l’état d’esprit. 170 créations d’entreprises par an, c’est très positif. Pour les 10 ans qui viennent, nous tablons sur la création de 10 000 emplois dans l’agglomération Nantaise. Et j’aimerais à terme qu’on ne parle plus de filière numérique. Comme le numérique est un accélérateur, on aura réussi le pari lorsque le numérique sera distillé dans tous les pans de l’économie.
Quels sont vos points de forts ?
Nous avons l’usine du futur avec l’IRT Jules Verne. Nous avons également l’hôpital du futur qui va mixer offre de soins, recherche et formation sur un même lieu. Et puis nos atouts sont aussi dans les industries culturelles et sur le green. C’est sur ces points forts que nous pouvons nous appuyer pour développer l’écosystème numérique.
Le label French Tech prévoit des fonds pour financer des accélérateurs de start-up d’initiative privée. Qu’en est-il à Nantes ?
Il n’y en a pas aujourd’hui mais on peut identifier un réseau d’accélérateurs au sein de chaque entité de notre écosystème. Par exemple, au cœur de l’hôpital pour être au plus près des chercheurs et des laboratoires privés. Idem pour l’IRT Jules Verne, etc… Je crois beaucoup aux lieux de frictions créatives qui sont au cœur des grands projets. Au cœur et pas à côté. C’est ce que nous revendiquons et nous y travaillons.
Est-ce que les lignes bougent dans le numérique ?
Il y a 3 ans, Nantes n’était pas une place très forte dans le numérique. Mais les lignes bougent. Quand, par exemple, Ornikar lève 1,8 million d’euros, je vois que ça va dans le bon sens. Aujourd’hui, les investisseurs ont compris que ça marche à Nantes grâce à notre travail d’identification et grâce à de belles réussites comme Lengow et iAdvize. Nous avons besoin d’attirer des investisseurs et d’avoir 3 ou 4 belles histoires pour développer notre écosystème, c’est ça aussi l’ambition de la French Tech.
Les « belles histoires », ce n’est pas que du story telling ?
Je crois à l’hybridation des modèles : il faut favoriser les belles réussites et favoriser l’émergence de start-up. Le problème des jeunes pousses qui naissent et se développent localement, c’est que ça peut prendre du temps. C’est pourquoi il faut également attirer des entrepreneurs issus d’autres territoires. Et nous avons un pouvoir attractif à Nantes notamment parce que nous avons des prix accessibles pour les locaux. Dans le numérique, ils veulent tous être ultra urbains et c’est l’intérêt de l’Île de Nantes. On a beau dire… Tout ça, ça joue.
Quelle la bonne taille pour un écosystème pertinent ?
Aujourd’hui, on s’est plié à un appel à projet qui repose sur des métropoles, donc on résonne à l’échelle métropolitaine. Maintenant, vu de Shanghai, point de salut pour Brest, Rennes ou Nantes… Il est évident qu’à un moment il faudra être à l’échelle d’une région qui reposera sur une dorsale numérique Nantes-Rennes-Brest. Le périmètre sera forcément sur des écosystèmes plus étendus. J’ai la conviction qu’il faut faire partie de l’équipe de France du numérique où chacun va devoir trouver sa place sur le mode « 1+1 = 10 », pas seulement sur une addition de métropoles French Tech.
