Malaise au Courrier de l’Ouest : le PDG défend sa ligne
decoration
Après une motion de défiance en février (1), le SNJ (Syndicat national des journalistes) du Courrier de l’Ouest a enclenché mi-mars une grève des signatures (2). En cause, la décision de la direction de ne pas remplacer les journalistes qui partent à la retraite. Le syndicat proteste également contre la ligne éditoriale du quotidien du groupe Sipa/Ouest-France, jugée trop portée sur le sensationnel. Sollicité par Com&Médias, Matthieu Fuchs, PDG des Journaux de Loire, défend la ligne de conduite du titre.
(1) [https://twitter.com/SNJCO/status/446648358913212417]
(2) [https://twitter.com/SNJCO/status/447404181482381314]
Le SNJ du Courrier de l’Ouest conteste le non-remplacement des journalistes qui partent à la retraite, arguant de la bonne santé financière du journal. Quelles sont les raisons de cette mesure ?
Matthieu Fuchs, PDG des journaux de Loire : Le Courrier de l’Ouest, comme l’ensemble de la presse écrite, est confrontée à la baisse de son chiffre d’affaires liée à la dématérialisation des petites annonces qui migrent vers internet. Pour répondre à ces mutations et pour défendre le journal, la direction du Courrier de l’Ouest anticipe de façon volontariste les adaptations nécessaires en termes de développement mais également en matière de baisse de charges. Les efforts se poursuivent pour adapter constamment le niveau des coûts au niveau de recettes qui baissent et afin de dégager les moyens suffisants pour investir dans les nouveaux supports numériques. Le non remplacement des départs en retraite de l’ensemble des salariés de l’entreprise est une mesure parmi d’autres de cette politique.
Comment se porte le Courrier de l’Ouest ?
Malgré la baisse de son chiffre d’affaires en 2013 qui se situe à 44,3 M€, le journal se porte bien.
« Nous menons de front plus de 15 projets de développement à la fois »
Et en 2012 ?
Le chiffre d’affaire de 2012 était de 45,7 M€. [Soit une baisse d’un peu plus de 3%, NDLR ]. La situation du journal est saine car la direction a su réorganiser en 2012 la fabrication du journal en mettant en place un plan de départs volontaires dans les services techniques. Cela passe également par une gestion rigoureuse au quotidien et une politique volontariste en termes de développement à la fois sur le journal papier et sur les supports numériques. Notre plus grande fierté est de pouvoir maintenir cette année le prix de vente du journal à 0.85€ en semaine. Ce qui en fait un des journaux les moins chers en France. Cela conforte la confiance de nos 372 000 lecteurs qui ont progressé de 10% en deux ans [372 000 lecteurs selon une étude one, Audipress 2012/2013. La diffusion OJD 2012 est de 99 038, NDLR].
Face à une crise de la presse qui n'a pas l'air de vouloir finir, quels sont les outils sur lesquels vous comptez pour maintenir le CO à son (historiquement bon) niveau ?
Nous menons de front plus de 15 projets de développement à la fois pour le journal papier mais également dans le domaine du numérique. Ainsi Le Courrier de l’Ouest lance ce mois-ci, la version numérique du journal accessible à l’ensemble des lecteurs et abonnés. Nous testons également des sites locaux déjà accessibles sur lecourrierdelouest.fr [comme par exemple celui de Cholet
http://www.courrierdelouest.fr/cholet, NDLR].
« Le Syndicat des journalistes fait une grave erreur d’analyse et de jugement »
Le tract du SNJ pointe : "management brutal", "mépris", rédaction qui "ne se reconnaît plus dans la direction"... Y a-t-il une fracture entre les salariés du Courrier de l'Ouest et la direction ?
Le Syndicat des journalistes fait une grave erreur d’analyse et de jugement. L’immobilisme et le conservatisme ne sauraient garantir la pérennité de notre entreprise. La réalité est que la direction et le management, en étant exigeants, défendent le journal face à une situation générale qui s’impose à tous et qui nécessite de s’adapter et d’évoluer si on veut continuer à poursuivre notre mission dans de bonnes conditions. Pour relever ce défi, notre journal a des atouts formidables que sont son ancrage dans le territoire et la confiance exceptionnelle de ses lecteurs et annonceurs.
Justement, le syndicat pointe le fait que la mise en scène du journal privilégie le registre de l'émotion (faits divers, etc.), au risque selon lui de perdre les lecteurs historiques. Est-ce que cette stratégie est payante commercialement ?
Nous demeurons un journal d’informations qui se doit de refléter toute la réalité de notre territoire. Les faits divers en font partie. La vérité est que notre ligne éditoriale est parfaitement claire. Elle a donné lieu à une charte partagée avec l’ensemble de nos rédacteurs.
Propos recueillis par Guillaume Lecaplain