De nouveaux professionnels, des collectifs, des espaces de co-working, un festival,… Le motion design, cette discipline qui consiste à donner du mouvement et de la dynamique à des graphismes dans le cadre de films très courts, connaît une véritable « émulsion » à Nantes.
« Nantes, comme d’autres villes françaises, a bien compris l’avantage de cette forme animée pour informer et vulgariser l’information », constate d’emblée Gaël Roda, l’un des trois co-fondateurs de La Pompadour, une société de production audiovisuelle créée en 2014 et spécialisée en « racontage d’histoires et en animation ». Du coup, nombreux sont les acteurs, parmi lesquels beaucoup de free-lances, à avoir investi le marché du motion design. De même, « les agences nantaises ont commencé à se staffer ». C’est le cas notamment de l’agence 6° Designers qui a intégré cette discipline en 2017. Alors que des collectifs créatifs spécialisés dans la réalisation et la production de vidéos en motion design, tel que We Are Motion, ou des espaces co-working, à l’image de Jeannette Corner, ont vu le jour, signe que le marché évolue.
Maxime Perez, chez Soneo, a été l’un des premiers à s’intéresser au motion design en 2006. « A l’époque, le créneau commence à être porteur. On parlait alors de film animé, de vidéo graphisme,… Et les acteurs étaient rares », se souvient-il. Aujourd’hui, « on constate une émulsion à Nantes avec une vingtaine de structures, contre 4 en 2014 », observe de son côté Matthieu Colombel, co-fondateur de Blackmeal (11 salariés). C’est l’un des studios créatifs à s’être fait un nom localement depuis son arrivée sur le sol nantais en 2015. Entré dans le giron du groupe nantais SYD (société de conseil et d’ingénierie informatique) en juillet dernier, il revendique 150 vidéos par an.
A souligner aussi le fait que Nantes compte un grand nombre d’écoles et d’établissements de formation au design ayant intégré le motion design dans leur cursus : l’Ecole de Design qui déménagera à horizon 2022 au cœur du quartier de la création, MJM Graphic Design, E-artsup, l’Ecole Pivaut, Brassart, l’Institut Supérieur des Arts Appliqués… Ce qui contribue à renforcer l’attractivité nantaise sur cette filière et « enrichit le potentiel de savoir-faire et de main d’œuvre », prolonge Gaël Roda.
Le motion design se met en scène
Le motion design a d’autant plus gagné en visibilité à Nantes depuis l’arrivée, en 2017, du festival Motion Motion. Sa singularité : être gratuit et ouvert à un large public. Porté par l’association des motions designers français, composée pour l’heure uniquement d’acteurs nantais, ce festival est né sous l’impulsion de Matthieu Colombel et de Clément Perron, du studio Doze (5 salariés). Leur volonté ? « Faire bouger les choses et promouvoir la discipline. »
Le festival du graphisme en mouvement tiendra sa troisième édition le 18 mai prochain au Stéréolux. Plus de 4 000 personnes sont attendues (contre 2 300 visiteurs la première année) : un tiers de familles, un autre tiers d’étudiants et un dernier tiers de professionnels (dont 70% de Nantais). Face à un tel succès, il n’est d’ailleurs pas impossible que le festival gagne du terrain dans d’autres lieux d’accueil de la ville. Le budget est passé, lui, de 35 000 à 80 000 euros, financé à 80% par des investissements privés et 20% par des subventions publiques. Expositions, échanges informels, concerts, ateliers pour enfants, conférences tout public de 30 minutes, élection du meilleur motion designer français… « Le modèle ne change pas », indique Matthieu mais « les œuvres sont créées pour la première fois pour le festival », prolonge Clément. A noter que cette 3e édition sera l’occasion de croiser « une grosse figure internationale du métier ». Pour autant la volonté est bien de rester un festival « francophone », insiste le binôme qui souhaite ouvrir l’association à tous les membres français du motion design. En France, 4 000 à 4 500 personnes travaillent dans ce domaine. C’est dire si ce festival nantais va sans nul doute gagner encore en visibilité.
Erratum magazine :
Nos plus plates excuses à Clément Perron, nommé par erreur « Clément Doze » (confusion avec le nom de sa structure) dans notre dossier « design » du dernier Mag Com&Médias.
La rédaction (qui s’en veut beaucoup et qui se fouette avec des orties fraîches…)