Nexity, Kiabi ou L’Equipe… Niji accompagne les entreprises dans leurs expérimentations « objets connectés ». Hugues Meili, son PDG, évoque les grands enjeux de cette révolution en marche.
Niji est aujourd’hui une structure de près de 500 salariés et présente à Rennes, Nantes, Paris et Lille. Quel était l’objectif de l’entreprise à sa création en 2001 ?
Hugues Meili : Niji a été créée sur le constat que l’informatique et les télécommunications allaient converger. De sorte à répondre de manière unifiée à ces nouveaux enjeux, il fallait également faire converger les métiers du conseil à dominante business et processus avec ceux liés à l’expertise technologique. L’avènement dès 2009 du digital mult-écrans comme nous le connaissons aujourd’hui nous a conduit à enrichir nos offres autour de trois métiers complémentaires, conseil, design et réalisation logicielle pour accompagner, de l’idée à la réalité, la transformation numérique des entreprises.
Comment a évolué le rapport entre les organisations (entreprises, institutions..) et le numérique ?
Hugues Meili : Depuis quelques années, nous n’assistons pas une révolution numérique mais à une inversion numérique : le digital n’appartient plus aux professionnels des technologies mais à la rue et aux utilisateurs. Ce sont eux qui font et défont les usages. Il faut donc être à leur contact, les écouter, observer leurs comportements pour mieux les comprendre et pour imaginer ensemble les services attendus. La maîtrise technologique n’est plus la bonne porte d’entrée pour appréhender ces évolutions. Difficile parfois pour des dirigeants d’entreprise de comprendre ce nouveau paradigme car ils sont bien souvent coupés de la réalité de ces usages.
Niji est présent dans le secteur des objets connectés. Les entreprises sont-elles sensibles à leur potentiel ?
Hugues Meili : Notre rôle est évidemment de les sensibiliser, mais les chefs d’entreprises sont déjà conscients de l’intérêt de ces problématiques. Il n’est d’ailleurs pas rare que les industriels d’un même secteur se regroupent au sein d’un cluster de recherche et développement concernant les objets connectés, je pense à l’automobile notamment. En tout cas, les perspectives sont quasi illimitées : pour un assureur, par exemple, investir dans la mise en place de détecteurs communicants sur les installations d’eau et repérer ainsi les microbaisses de pression pour prévenir les dégâts des eaux, c’est une vraie révolution. Même chose pour l’hospitalisation en milieu rural qui reste un phénomène très coûteux pour les mutuelles, notamment en termes de transport. Si l’on peut établir une médicalisation à domicile à l’aide d’objets connectés (bracelets, montres …) pour surveiller les différents signes du malade, les perpectives d’économies seraient conséquentes.
Nous allons vers des changements de modèles économiques ?
Hugues Meili : Oui. Les objets connectés mais plus globalement toutes les innovations digitales portées par de nouveaux usages devraient révolutionner à terme les modèles économiques traditionnels. Tout un tas de secteurs sont en train de réaliser leur mutation, passant d’une logique de ventes de produits avec une valeur très matérielle à des logiques plus ancrées dans les services et la fonctionnalité.
Ces mutations sont-elles à la portée de toutes les structures ?
Hugues Meili : La transformation digitale commence souvent par une simple application, qui demande un investissement raisonnable. Mais toutes les structures, qu’elles soient petites ou grandes, privées ou publiques devront s’adapter. Elles risquent sinon de créer une rupture numérique avec des individus de moins en mois enclins à utiliser des systèmes technologiques différents de ceux qu’ils côtoient au quotidien. Au travail, au domicile, dans les moyens de transport, chacun attend désormais une fluidité dans l’usage des technologies. C’est l’enjeu majeur qui attend la plupart des organisations.
A lire également dans le Mag Com&Médias n°10, dans le dossier « 100 % connecté ».